Le petit monsieur ne payait pas de mine : taille moyenne, chaussures classiques noires et fatiguées de marcher, pantalon lustré aux genoux, retenu par une ceinture en skaï brun. Son maillot noir à manches longues, trop étroit, trahissait une bedaine naissante. Il traînait un caddy d’où s’échappait le cordon d’un microphone, bagage récurrent dans le paysage du métro madrilène.
Le petit monsieur s’est gentiment adressé au public peu disposé à l’écouter pour lui « souhaiter les bons jours », « dar los buenos días », comme le font les Espagnols, plus généreux que nous qui n’en offrons qu’un. Une musique de plage des années Soixante a surgi du caddy, et le monsieur s’est mis à
chanter d’une voix agréable les paroles d’une chanson qui prend la vie avec légèreté et bonne humeur. Quand elles ont réclamé « una actitud sexi », le monsieur s’est mis à bouger ; quand elles ont voulu « un movimiento de las caderas », il a imprimé à ses hanches un petit mouvement cadencé qui a déridé les derniers grognons du compartiment. En une minute et trente secondes au grand maximum, ce petit monsieur à la quarantaine bien tapée, sans autre signe distinctif que deux yeux malicieux sur une tête ronde et dégarnie, a installé une bonne humeur palpable parmi les voyageurs. Les gens ont oublié leurs portables pour échanger des regards souriants. Presque tous avaient une piécette au fond de leur poche.
Les anges existent. J’en ai rencontré un.
Christine ! Je veux ce monsieur à Varsovie, pourrais-tu le lui dire à la prochaine rencontre ?
Je prends note, Marta. je vous embrasse au passage.
J’aime ce texte, cxomme tous ceux où il y a une rencontre improbable et pleine d’humanité. Effectiçvement, c’est ça le vrai miracle.
Jacques
Merci Jacques. Besitos.
une belle histoire bien racontée 🙂
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Merci. Touchée.
comme on aurait aimé être dans ton wagon de métro pour faire aussi cette charmante rencontre …